Intense Proximité – Triennale 2012 au Palais de Tokyo
« L’art en chantier » par Michel Duvail
Première grande exposition de la réouverture du Palais de Tokyo, la Triennale propose un large état des lieux de l’art contemporain au confluent de la scène française et internationale.
A votre arrivée, vous êtes accueilli par une immense structure métallique grise et rouille, une sorte de chimère gardienne des lieux et des entrailles du Palais qui pour la première fois vous sont ouverts.
Puis vous avez l’impression d’errer entre un chantier du bâtiment, une brocante, une quincaillerie et un fleuriste. C’est assez surprenant et exaspérant de se promener dans ce squat en friche peuplé de vigiles tout en noir. Au détour d’un couloir, vous risquez de marcher dans des excréments d’éléphants décorés de perles noires, vertes et rouges ou de croiser une chambre à air cousue de rubans. On passe devant les œuvres, on flâne, rien ne semble vous accrocher, vous pouvez même être envahi par un rejet de l’exposition dû à la laideur de ces lieux bruts et toujours en travaux.
Et puis perplexe devant une œuvre qui m’a fait penser à la décoration d’une chambre d’adolescent, une jeune fille s’approche et me propose des explications et tout s’éclaire. Les intercesseurs du Palais portent de gros badges, n’hésitez pas à les consulter.
Elle m’a accompagné et m’a consacré beaucoup de temps à me présenter l’exposition, me l’expliquer et réussir à faire évoluer mon premier sentiment d’incompréhension et de frustration.
Elle m’a montré les recoins des sous sols ou certaines œuvres magnifiques se cachent derrière des palissades de chantiers, comme ce grand manteau de métal fusionné de l’artiste ghanéen El Anutsui et je vous laisse partir à la recherche des larmes de visiteurs… recueillies dans un flacon de cristal lui-même enchâssé dans une colonne.
Ne manquez pas non plus l’œuvre « la terre sous pression » de Bahloul S’Himi avec cocottes minutes et bouteilles de gaz découpées pour en faire des mappemondes. Et puis au plafond d’une salle de projection (l’ancienne cinémathèque) cette installation de Julien Salaud qui fait penser aux dessins de la grotte de Lascaux.
Ou l’œuvre d’Ulla van Brandeburg, un superbe assemblage de couleurs dans un espace s’inspirant des pistes de skateboard.
En arrivant ou en partant n’oubliez pas de vous attarder devant la superbe sculpture murale qui couvre la façade du musée Galliera de ce même artiste ghanéen.
Allez voir cette exposition pour vous faire votre propre opinion. Elle ne séduira pas tout le monde, mais prenez votre temps devant la densité des œuvres, leur complexité et peut être vous laisserez vous gagner par cette sauvagerie brute qui émane de cette exposition. Et peut être déciderez vous de revenir l’explorer une seconde fois.
Informations pratiques :
Du 20 avril au 26 août 2012
De midi à minuit tous les jours, sauf le mardi
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson,
75 116 Paris