L’automne des dépressifs au Centre Pompidou
Edward Munch : L’œil moderne
Yayoi Kusama
Par Michel Duvail
YAYOI KUSAMA DANS YELLOW TREE FURNITURE (2002), À LA TRIENNALE D'AICHI, 2010, COURTESY YAYOI KUSAMA STUDIO, TOKYO
© HAL REIFF
Pourquoi mixer dans un même article ces deux expositions, parce que tant qu’à aller au Centre Pompidou ne vous privez pas de voir ces deux rétrospectives.
Idée originale, mais était elle voulue, d’exposer au même moment et dans le même lieu deux artistes a priori aussi dissemblables qu’Edward Munch et Yayoi Kusama mais qui ont en commun un vécu en établissement psychiatrique.
Quoique les commissaires de l’exposition nous mettent en garde sur la lecture standardisée de l’œuvre d’Edvard Munch, elle est dans l’air du temps : déprimante et anxiogène et donc contemporaine expliquant ainsi son sous titre : l’œil moderne. Son œuvre la plus connue n’a pas fait le voyage (pour cause de fragilité ( !) et de vols récurrents), mais si vous regardez attentivement certains tableaux, vous reconnaitrez le visage du cri à certains endroits. La peinture de Munch pleure comme ces femmes qu’il peint en larmes. Au travers des 12 sections thématiques, vous pourrez être submergés par des sentiments d’angoisse et de tristesse à la vision de ces cortèges de spectres sur des fonds de vagues de couleurs et de fuite du temps comme si se cachait derrière les toiles un énorme trou noir aspirant toute l’œuvre d’Edvard Munch.
Alors allez voir Munch, c’est l’exposition incontournable de cet automne à Paris, mais surtout arrêtez vous à la Galerie sud niveau 1 pour vous faire plaisir avec Yakoi Kusama.
Y Kusama quant à elle n’est plus dans l’air du temps, elle est intemporelle tellement son œuvre est inimitable, provocante, sexuelle, innovante. Entre happening, sculptures dures et molles, peintures, installations, tout y passe, c’est jouissif et on en redemande.
A la fin de la rétrospective qui lui est consacrée nous en sortons comme des grands enfants heureux qui viennent de vivre leur Noël avant l’heure. C’est contagieux, cela se ressent, les visiteurs en sortant des deux installations visitables ( infinity mirroir room et la chambre aux pois rouges qui fait penser à aux champignons géants de l’étoile mystérieuse la BD d’Hergé) parlent entre eux de la joie et de la surprise qu’ils ont éprouvées au cours de cette immersion sensorielle.
Et pourtant, après avoir lu la biographie de l’artiste et ses souffrances psychiques, l’obsession des pois, le vertige de l’infini des miroirs, la profusion des formes sexuelles masculines ne semblent plus aussi légers et joyeux. Et on en repart avec un sentiment de vertige et d’écrasement renvoyant à la folie de l’auteure enfermée dans ses souffrances enfantines.
Ainsi les deux expositions se rejoignent au travers des fragilités psychiques de ces deux artistes qui tentent de nous faire toucher de manière radicalement différente un même mal être : l’un par la mélancolie, l’autre par la joie. A vous de juger laquelle de ces approches vous marquera le plus.
Informations Pratiques
Centre Georges Pompidou - Paris
Horaires
Tous les jours de 11h à 21h,
Sauf le mardi
Jusqu'au 9 janvier 2012
Tarifs
12 euros plein tarif