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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 22:41

La guerre, notre part d'ombre par Marie Anne Chenerie

 

 

J'écris ce texte ce dimanche   11 septembre 2011: est-il utile de rajouter quelque chose à tout ce qui se dit, avec justesse et conviction , pour dénoncer la violence , alors que, au premier regard, tout dans le monde nous dit que cette violence est pérenne, voire intrinsèque à notre humanité ?

 

femmes-pleurant.jpgQue faire ?

Je propose cette réponse, par exemple: aller voir l'exposition «  l'Ombre de la Guerre » à La Maison Européenne de la Photo , qui retrace notre histoire récente , depuis la guerre d'Espagne , en 90 photos , dites «  photos  de guerre ». guerre-groupe-d-hommes.jpg

 

On pourrait appeler cet ensemble l'illustration des  ténèbres de la raison ( le titre d'ailleurs de l'exposition, est , de mon point de vue, un peu faible par rapport à la force et à la portée de ce qui nous est montré ) . La photographie ( comme tout art d'ailleurs ) dévoile cette partie sombre de notre humanité , l'envers de nous même, la partie immergée de notre iceberg humain. Oui, bien sûr ce sont des Afghans, des Espagnols, des Serbes, des Palestiniens, des Israéliens , des Américains, mais oui, ce sont aussi des hommes , des femmes et des enfants, et tour à tour bourreaux et victimes , dans un subtil et poignant mélange, comme le suggère le choix des photos . Mais nous  ne pouvons pas ranger ces photos tout en haut de notre armoire mentale, vous savez là où on ne va jamais, et que l'on  retrouve , étonné, par exemple, après un déménagement ou en rangeant les affaires d'un proche décédé. Ce n'est pas le passé, cette notion un peu abstraite, et finalement rassurante «  c'est passé... » , non c'est ici et maintenant, c'est nous qui sommes en scène, dans ce jeune soldat nourri aux corn-flakes et au coca , lunettes de soleil et cigarette à la main, que le photographe a  saisi  au moment où sa botte se lève pour frapper à la tête une vieille femme musulmane à terre ( morte ? ) , c'est nous aussi cette petite fille qui court nue sur les routes de Nagasaki et sera sauvée par le photographe sauvée physiquement, mais aussi sauvée parce que son  image témoignera pour toute une génération, c'est nous ces hommes épuisés en haillons portant dans un couverture un corps ensanglanté , dans un paysage de neige glacial , ces hommes dont on devine, qu'ils vont devoir abandonner ce corps, s'ils veulent survivre, c'est nous cet officier qui vise à la tempe  le Vietnamien condamné et c'est aussi nous le condamné  dont le visage nous dit l'incompréhension et la terreur .

 guerre-napalm.jpg          

Le photographe a fait remonter tout cela à la surface , l'indicible  peut être maintenant dit et partagé ,  après le dévoilement  , la rencontre entre le photographe  et son spectateur .

 

Alors , que faire ?

Pleurer ? Oui, parfois les larmes montent aux yeux. Se mettre en colère ? Evidemment, comment ne pas s'indigner devant tant de cruauté ? Ne pas voir ? C'est vrai, je n'ai «  regardé» que très rapidement certaines photos , incapable de prolonger  .

Il faut au moins aller voir cette exposition et oser regarder , grâce à l'intermédiaire du photographe , cette part de ténèbres , démoniaque qui est en nous , ne pas la nier , ne pas la rejeter . Cette exposition nous permet d'aller des yeux vers l'esprit, même si ce n'est pas  la part la plus belle de notre humanité . On ne peut  combattre  que ce que l'on voit , ou que  ce que l'on veut  voir et décider de voir .

Alors, parlons en à nos enfants , et écoutons autrement les informations le matin dans la salle de bains . 

 

Informations pratiques

Jusqu'au 5 septembre

Maison de la photographie

5 rue de Fourcy 75 004 Paris

 

 

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 19:48

Riero i Arago à Collioure  : une île ou un rêve ? Par Marie Anne Chenerie

 

                                                     Le Musée des beaux Arts de Collioure est étrangement calme et silencieux, à cent mètres de la plage bruyante et écrasée de chaleur .

                                                     Cette impression de fraîcheur, de décalage , est fortement accentuée par l'exposition qui y est installée cet été: des installations de l'artiste catalan Riero i Arago,( né à Barcelone en 1956 et aujourd'hui unanimement reconnu comme une valeur sûre de la génération des années 1980).

                                                     L'exposition est aussi pour partie au musée des Beaux Arts  de Céret, mais je ne vous parlerai que que de celle de Collioure et de toute la poésie qui en émane .

                                                    

                                                     D'abord, quand vous entrez dans le musée ( rappelez vous, dehors les cigales crissent dans les pins surchauffés ) la-plage-de-collioure.jpgici , personne , fraicheur et surprise , qui commence par une mobile de sous- marins en plastique orange fluo sous-marin-orange.jpg suspendus dans l'escalier blanc ; gaieté sans prétention et néanmoins, mais ce mobile/ stabile où l'air remplace l'eau vous met déjà dans cette ambiance poétique .

 

                                                     La très belle série sur les îles est impressionnante ile1.JPG: des fragments de matière métallique ( bronze) sur une surface d'eau enfermée dans un caisson carré,  le contact permanent de l'eau et du métal donnent des résultats toujours différents et imprévisibles, des couleurs fantastiques allant du turquoise au brun profonds . Vous pensez aux cartes marines,  aux mappemondes où les fonds marins sont indiqués de couleur différentes selon les profondeurs et moi, qui ai si peu voyagé , ai toujours aimé ces périples par carte interposée . Cette impression de « vrai » paysage est encore accentuée par une trouvaille ( un hasard ? ) : les mouvements d'air de la ventilation agitent l'eau des caissons et les ombres portées au plafond  retracent des vagues , des mouvements .

                                                     En voyant ces îles, je pense à Jules Verne, Cousteau,  Hergé et son île de l'Etoile mystérieuse et les cratères de «  on a marché sur la Lune » , toutes les images de mon enfance sont là . D'ailleurs, l'île n'est -elle pas un rêve d'enfant ?ile2.jpg

                                                     Par ailleurs, le procédé utilisé par l'artiste ( maquette / photo) est très intéressant et nous amène à réfléchir sur le phénomène de création . Créer, c'est pour moi d'abord savoir regarder et montrer aux autres ce que nous voulons leur faire comprendre . L'artiste expose en même temps le «  caisson » aux métaux érodés et les photos, sous des angles et des éclairages différents de ses installations : nous hésitons entre le silence des galaxies, le vent des déserts glacés, les aurores boréales , les paysages du déluge .

                                                     Riero i Arago nous invite à passer en dessous de la ligne de flottaison , comme avec ses icebergs exposés à l'étage du dessous et donc de prendre le risque de la poésie et de l'inconnu : qui n'a pas rêvé de disposer, aux confins de son imaginaire de fabuleuses contrées , qui n'ont pas encore été identifiées, classées, répertoriées . Le voyage vers des formes inconnues, gouvernées par l'eau et ici possible, si, en confiance, vous entrez dans le sous marin orange .

 

Informations pratiques ;

Musée d'art moderne de Collioure


Horaires

Ouvert de 10:00 à 12:00 et de 14:00 à 18:00 

Du 1er juin au 6 novembre: tous les jours

 

Tarifs:

Plein tarif: 3,50 €

Tarif réduit: 2,50 €

Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans

 

 

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 20:59

Morceaux exquis à la Fondation Electra: morceaux oui, exquis pas toujours ! par Marie-Anne Chenerie

 

 

            J'ai toujours beaucoup apprécié les expositions de la fondation Electra : un lieu raffiné, calme, des expositions intelligentes, souvent courtes ( ce qui est à mes yeux à la fois une difficulté et un avantage ) , l'entrée gratuite ….

            Cette fois ci avec «  Morceaux exquis » , j'en suis sortie plus dubitative , d'abord désorientée par la profusion d'images , de textes, d'idées et par ce découpage , presque cannibale .

 

            Le principe peut paraître complexe : montrer comment le corps et ses différentes parties ( oeil, pied, nez etc) ont inspiré le langage dans toutes les cultures méditerranéennes .

            Batory-Michal-EDF-Morceaux-exquis-2011Dès l'entrée une ambiance rouge sang donnée pat la lumière et les rideaux de velours pourpre vous mettent dans l'ambiance . Il est certain qu'exposer le corps est un exercice difficile, entre voyeurisme , philosophie, médecine et tout simplement beauté 88362_1299060581_adam-eve_623x187.jpg L'art contemporain nous a même habitués à des démarches presque « gore » qui peuvent susciter un profond malaise. Rien de tel ici, mais le sentiment de pénétrer dans notre intimité profonde , subconsciente, impression accentuée par les dictons populaires écrits ( un peu bas et trop peu lisibles pour ce qui me concerne ) sur chaque vitrine : certains sont très savoureux : "Les mouches se posent même sur le nez du roi " ou "un pied vaut mieux que 2 béquilles " ; les vitrines sur le nez/ phallus ou sur le sexe féminin sont drôles et instructives . Qui ne connait pas le lapin Playboy, lapin, comme la grenouille représentant le sexe féminin , car , comme chacun le sait, les organes féminins , facteur des sautes d'humeur de ces dames , sont représentés par les bonds du batracien ou du lapin. Oui, c'est parfois drôle, parfois inquiétant, comme cette vitrine sur le cerveau ( trop peu représenté d'ailleurs, c'est le corps et non l'esprit qui parle ) , même si on a "des araignées dans le grenier".

            Dans un joyeux bric à brac, qui va de l'affiche de Polnareff  de dos ( pour rester correct) , des chaussures de clown démesurées en forme de piedpieds.jpg propres à alimenter nos pires cauchemars , un pot de chambre avec un oeil au fond ( les naïfs qui se mettent le doigt dans l'oeil apprendront ici qu'ils se l'enfoncent en fait beaucoup plus bas ) , bric à brac parfois morbide , comme chaque fois que le corps est représenté en morceaux.

            Parler du corps n'est jamais facile et concentre toutes les craintes .

            Mais, pour finir, la merveilleuse image du crane d'organdi  crane.jpgcontraste, confrontation, réflexion sur la pureté du blanc du bonnet de baptême ou des coiffes de communiantes et la réalité du crâne, ossement , d'ailleurs habilement rapproché du drapeau de corsaire . Voilà l'image que je retiendrai de ces centaines d'objets, à croire que la démarche artistique permet de marquer les esprits , par la poésie et le décalage .

            En cadeau, l'exposition nous offre quelques belles chansons sur les yeux …, voici celle de Michel Jonasz, «  Les Yeux lilas » .

 

Informations pratiques

Espace Fondation EDF ( Electra)

6 rue Récamier 75 007 Paris

jusqu'au 25/09/11 , de 12h à 19h, sauf le lundi, entrée gratuite

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 12:00

My Winnipeg, l'exposition  des grands froids par Anne Le Menn

 

Les canadiens sont  à Paris, pas des cousins du Québec, mais d’autres encore plus exotiques venus de Winnipeg ville de l’état du Manitoba. La maison rouge présente actuellement une exposition d’artistes contemporains de cette ville qui aurait  la bonne idée de lutter contre les aléas des températures difficiles de l’hiver en pratiquant avec délectation les arts plastiques.  

winipeg-photo.jpgA l’introduction de l’exposition des photos de la ville nous la décrivent comme  typique de  l’Amérique du Nord entre gigantesques building et pavillons de banlieue un peu déglingués.

Dans une salle à l’accrochage dense,  photographies, vidéos, dessins, cartes postales créent  un puzzle des différents registres marquant  cette cité.  Histoire sociologie, climat nous affinent  une image entre ésotérisme, métissage et mouvements ouvriers.  C’est ensuite que  les artistes  de Winnipeg interviennent, ils ont été nourris par ce brassage culturel.. 

Deux scènes étranges, sont présentées,  sur le principe des vitrines d’un musée d’histoire naturelle expliquant  un environnement.  Dans l’une  ce n’est pas «  vue de la savane africaine » mais une chasse dans laquelle des hommes en costume d’employés de banque  semblent se livrer  à un carnage d’oiseaux  :  « On the bank of the red river » de Marcel Dzama. Marcel-Dzama-diorama.jpg En face de ce « diorama » un salon kitsch est reconstitué,  en tournant autour,  nous nous retrouvons face au visage en larme d’un transsexuel plus vrai que nature, Kent Mokman nous parle ainsi de la culture des indiens autochtones. Si les deux artistes manient la dérision,  à première vue cela ne respire pas le bonheur vers Winnipeg.

Passage dans une salle ou est projeté un film de Guy Maldin, entre chevaux congelés vivants dans la rivière, inquiétante piscine à trois étages, et quand même quelques bisons,  on comprend  qu’il ai envie de quitter cette ville même s’il est dit qu’il n’y parvient pas. Tout cela est un tantinet soporifique et permet de se reposer par une petite sieste avant la suite.

Le reste de l’exposition s’avère variée entre quelques estampes très « souvenir de chez les tribus indiennes »  qui cohabitent avec des tableaux d’une manière  naïve. Mais comme  la photographie des deux  « Forest guard » s’ils  sont drôles ils s’avèrent aussi méchants.winnipeg-affiche.jpg

Pas facile de faire cohabiter des sources d’inspirations diverses dans une exposition collective.. Il y a des dissonances dans ce rassemblement, mais il dépayse. Et   comme après avoir été maltraités le vent glacé d’hiver il fait bon de se retrouver désorienté mais réconforté par un  café, dans un lieu confortable, pour cela la  maison rouge est parfaite.

Je n’a jamais vu autant de visiteurs accompagnés de bébés, est ce la perspective de se retrouver ensuite dans la jolie cafétéria, aux grandes tables de bois disposées à ciel ouvert, qui les incitait à fréquenter les lieux ? J’ai pu ainsi profiter des détails d’une conversation sur l’allaitement au sein entre plusieurs mamans qui sirotaient une petite collation, idéal pour revenir sur notre vieux continent européen après le froid polaire de Winnipeg.

 

Remarque : Dans les bons points coté accueil, à noter les casiers de consignes en plexiglas sont  bien commodes.

 

Information Pratique :

My Winnipeg  Maison rouge 10 boulevard de la bastille 75012 Oaris Jusqu’au  25 septembre 2011, mercredi au dimanche de 11h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 21H , 7 euros.

http://www.lamaisonrouge.org//

 

 

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 12:00

Belle Charlotte Perriand  et ses étagères par Anne Le Menn

charlotte-perriand-1.jpgSur les photos présentées au Petit Palais en ce moment  la beauté de Charlotte ¨Perriand est étonnante, elle est une jeune femme qui rit et se dénude au soleil  de la montagne, parée  d'un collier de grosses perles rondes. Une image saine et moderne, dans un style suédois qui aime la nature.

L’exposition actuellement aux petit Palais nous explique  l’influence de cette attirance  sur sa production en tant qu’architecte, créatrice de meubles et  urbaniste.  C’est par ses photos que cette inspiration se matérialise, rochers, écorces,  paysages neigeux. Charlotte Perriand  ramenait de ses balades, chaussures de randonnée au pied, clichés  et objets qu’elle réutilisait dans ses projets de design. Un gros rocher de Fontainebleau est exposé, il n’a pas du être facile à transporter.

Le rapport avec  les différents modèles d’étagères qu’elle a  créé et dont de multiples exemplaires nous sont montrés, ne m’est pas paru clairement, j’ai un peu besoin de vacances, mais cela m’a bien plu de retrouver l’évolution du concept.  Les premier prototypes  semblent  des  échafaudages un peu  basiques de planches maintenues par des rectangles de bois, ils se transforment au fil des recherches  en des espaces de rangements élégants et savamment étudiés.  charlotte-perriand-etagere-.jpg

Si  les premiers modèles sont  donc intuitifs, et ressemblent beaucoup à ceux sur lesquels les étudiants fabriquent parfois pour ranger  leurs cours (voir *1)  Madame Perriand  les fait évoluer vers des étagères équipées de caissons mobiles et colorés,. Ils sont destinés grace à  des éléments modulaires et évolutifs  à couvrir des espaces de murs variables.

Quand Charlotte Perriand  crée  les prototypes  elle  imagine  un argumentaire qui explique l’intérêt de passer du buffet 1930 à cette petite merveille de rationalité.  Largement banalisé de nos jours,  ce type de  meubles semble  avoir eut  bien des descendants, notamment  dans un grand magasin suédois (voir *2)qui aime la nature garde les enfants et propose une cafétéria. 

Bref une exposition parfaite pour promener un compagnon récalcitrant aux expositions artistiques, se préparant ainsi ensemble à  la  rentrée et à la virée chez le magasin style suédois, pour acheter les étagères de la chambre des enfants qui ont de plus en plus de bazar à ranger.  

Remarque et  jeu de l’été :

* 1   Pour des étagères de ce type : mettre des briques sur le sol, y poser une planche, sur laquelle vous disposez de nouveau  des briques et puis une autre planche etc.)

 

* 2 Ce n’est pas le magasin suédois qui aime la nature qui a fait du mécénat  pour l’exposition,  mais un fabriquant de meuble milanais : Cassina,  il est l’éditeur d’un autre meuble marquant  inventé par Charlotte Perriand ,  lequel ? 


Informations pratiques :

Jusqu’au 18 septembre 2011

Petit Palais

Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris Avenue Winston Churchill - 75008 Paris  01 53 43 40 00  Horaires

Du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi  jusqu'à 20h.
Fermé le lundi et les jours fériés


Tarifs  8 euros
 

 

 

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 08:43

Chapelles du XVème et artistes contemporains  la même interrogation par Anne Le Menn

affiche_2011_artchapelles1.jpgDans le Morbihan, en musardant dans les chapelles  qui prolifèrent du coté de Pontivy, vous trouverez des informations intéressantes ; ainsi les saintes portant leur tête dans leur mains ont un nom, elles sont  appelées céphalophores, et la région en compte au moins deux. L’une est  la  sainte éponyme de  la chapelle  Sainte Tréphine,  tandis que l’autre sainte Noyal, à Noyal-Pontivy est réputée pour soigner les maux de têtes. ste-trephine-cephalophore.jpg

Ces histoires n’ont pas manqué d’inspirer les artistes qui ont aménagé pour cet été, ces lieux.  Dans la chapelle de Sainte Tréphine une œuvre sonore  de Suzanne Fritscher « Il y a ce que je sais » décrit l’édifice, dont le plafond peint en rouge et gris qui retrace les mésaventures qui ont conduit, la sainte à perdre la tête, décapitée par mari qui ne voulait pas d’enfant,  à la décharge de ce dernier une prophétie lui avait indiqué que sa descendance le tuerai.  A Noyal-Pontivy, le céramiste Michel Gouéry a créé une série de têtes qui forment une guirlande sur un des murs.

Faire dialoguer des artistes contemporains avec des chapelles datant majoritairement du XVe et du XVII, est le principe de la manifestation l’Art dans les Chapelles qui  arrive cette année à sa vingtième édition avec près de 100 000 visiteurs par an.  Plus de vingt  chapelles sont à découvrir en suivant des itinéraires, cette chasse aux trésors ou quête du Graal est un jeu délicieux. La verte campagne se laisse découvrir, et l’on se perd avec plaisir  avant de trouver la nouvelle chapelle presque toujours accompagnée de sa fontaine,  le plus souvent miraculeuse. 

Le parcours donne du bon temps quand Rainer Gross fait onduler une gigantesque vague de bois dans la chapelle Saint-Nicolas à Plumiliau. saint-nicolas-2.jpgsaint-nicolas.jpgsaint-nicolas-3.jpgTandis qu’à  la Trinité en Cléguérec,  Philippe Mayaux,  qui se déclare agnostique a  retrouvé les rites de la religion des anciens bretons, mélange de ferveur et de superstition.

P.Mayaux (6)Philppe Mayaux  peuple un mur d’ex-voto décalés qui résonnent avec ceux que des croyants implorant ou remerciant pour une intervention divine ont laissés, constitués de petites statues aux allures de morceaux  humains, le mur rappelle aussi le culte morbide des reliques. L’omniprésence de la mort  se manifeste  aussi bien dans le jubé  XVème, ou  avec le Christ si humain « ecce homo » assis à la tête sanglante et  triste, que dans les œuvres contemporaines : médaillons contenant des représentations de mains  humaines coupées, mobiles de têtes blanches aux longs cheveux  filasses.  La vitrine où deux silhouettes semblent   des décorations d’Halloween et est  moins convaincante.

P.Mayaux (2)L’ensemble  n’est pas sinistre, le  soin mis dans la fabrication des objets rassemblés les rendent  précieux sans être glaçants, ils sont animés et sonores voire bruyants et plutôt drôles. Ils intriguent et jouent avec l’église qui les accueille dans une partition étrange mais stimulante en réveillant les lieux religieux beaux mais oubliés. P.Mayaux (4)

La rencontre entre art contemporain et chapelle ancienne  devient alors une évidence. Les  hommes d’une foi archaïque et simple qui ont voulus ces édifices et les artistes de notre époque,  aimeraient  répondre à  la même question, celle  de savoir où ils vont. P.Mayaux (1)

 

Crédit Photo : Philippe Mayaux, chapelle de la Trinité, Cléguérec, L'art dans les chapelles, 2011 © S. Cuisset et photos H.Horellou

ex-voto-P-M.jpgHaloween-pm.jpgInformations Pratiques  

Jusqu’au 18 Septembre

Juillet et aout : tous les jours de 14h à 19h. Fermé le mardi  (ouvert le 15 août) et les 3 premiers week-ends de septembre, de 14h à 19h. Entrée libre et gratuite  

Accueil et départ des circuits : Maison du Chapelain  Saint Nicodème 56930 Pluméliau

http://www.artchapelles.com cleguerec.jpgcleguerec-eglise.jpg

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 21:34

Hugo Pratt :  histoire d’eau par Anne Le Menn

 

Après avoir navigué sous les cimaises du musée de Cherbourg en 2009, le beau marin de Venise et son créateur  sont  de retour à Paris, dans les vitrines de la Pinacothèque.

Corto-Maltese.jpg

Depuis l’exposition de 1986 au Grand Palais,  le talent d’aquarelliste d’Hugo Pratt nous était connu, et le poster du visage de Corto le bel  aventurier a tapissé bien des intérieurs.  J’en profite pour faire un peu de prosélytisme et je rappelle qu’une estampe pour un prix à peine plus élevé qu’une affiche peut être conservée en bon état fort longtemps, alors que si le poster de Corto Maltese est resté sur votre mur depuis cette exposition, il doit être passablement décoloré et un peu moche.

 

Corto-et-Chat-celtiques.jpgHugo-Pratt-new-.jpgL’aquarelle est un médium difficile, Hugo Pratt expliquait son attirance pour cette technique par son amour de l’eau. Peut être, c’est une jolie formule, mais s il pouvait peindre de l’aquarelle dans sa fulgurance, quand le pigment  marque la page blanche, se diffusant par l’eau à l’endroit voulu. Il savait, que parfois cette magie ne prend pas, le papier  se salit alors irrémédiablement, les couleurs deviennent maronnasses,. Il recommençait alors pour retenter le sort. L’aquarelle se rapproche de l’ésotérisme.

 

Tout le monde a  compris depuis Turner et le prince Charles, que les Anglais sont des spécialistes de l’aquarelle,  Hugo Pratt a suivi vers 1960 des cours à la Royal Academy of Watercolour de Londres pour se familiariser avec cette technique. L’exposition donne à voir 150 de ces œuvres sur papier, fragiles, fortes et émouvantes. Déclinées par thèmes comme les femmes, les voyages… .

Même si  à la Pinacothèque la lumière des salles biscornues est triste, et la vidéo curieusement projetée sur un mur dont les aspérités perturbent la lisibilité,  le temps d’une rêverie, aller voir les voyages de Corto Maltese est une occasion à ne pas rater.  Mais le plus rigolo, reste comme toujours le méchant  Raspoutine.

 

Informations pratiques

Le Voyage imaginaire d'Hugo Pratt, à la Pinacothèque de Paris, jusqu’ au 21 août 2011 Le billet simple. Plein tarif 10 €

 http://www.pinacotheque.com/

 

 

 

 

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 21:22
 

Claude Gellée dit Le Lorrain : les arbres avant  les hommes  par Marie-Anne Chenerie

 

 

            En voyant les magnifiques lavis et dessins de Claude Gellée exposés au Louvre , j'ai évidemment pensé à Beethoven , sans doute à cause de la fameuse phrase «  J'aime mieux un arbre qu'un homme » , dans  sa grande tradition de pessimisme et de misanthropie, dont le testament d'Heiligenstatt a été l'apothéose , quand il découvre sa surdité . Mais dans ce fameux texte, on sent de si anciennes souffrances , une si grande solitude , qui ne peuvent  s'expliquer seulement  par la surdité, ou alors la surdité est la manifestation de cet isolement ? En tout cas, cette période de la vie de Beethoven a donné de magnifiques chefs d'oeuvre en réaction, comme cette 5è symphonie .

 

            J'ai eu la confirmation , en voyant ces superbes arbres du Lorrain , de cet aspect héroïque , puissant , fort dans l'adversité, protecteur du voyageur fatigué le-Lorrain-2.jpg,  de l'arbre en général et j'ai trouvé  de nombreux  points communs avec le caractère de Beethoven, du moins tel qu'il voulait se montrer aux autres .

            Ce caractère présent, vivant , entier , est particulièrement présent dans les dessins , bien mieux que dans les peintures , à mon avis , moins puissantes le-lorrain-4.jpgLe dessin d'ailleurs ne reflète t il pas davantage l'intention réelle de l'artiste , son «  dessein »?

 

 

            Donc, après avoir vu Rembrandt, vous avez pu avec plaisir aller passer quelques instants dans les salles voisines réservées au Lorrain , où il n'y a quasiment personne et vous perdre simplement dans la contemplation de ses êtres vivants que sont ces arbres , traités parfois avec un modernisme saisissant .le-lorrain1.jpg            Et d'ailleurs , Rembrandt et Le Lorrain ne sont-ils pas les maître reconnus du graveur Maurice Achener ?

 

L'exposition «  Le Lorrain, le dessinateur face à la nature  » le-lorrain-3.jpg vient de se terminer au Louvre , la catalogue est superbe .

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 21:12

Histoires de papier et de dessins  par Marie-Jeanne Laurent


Le papier à l'honneur- l'histoire des grands noms, les Montgolfier,  les Canson, les Arche, permettent un rassemblement d'anciens et de contemporains qui se parlent. Un dessin nous introduit, chargé d'émotion: Moïse par Philippe de Champaigne à moitié brûlé: il a été sauvé avec quelques autres du grand   incendie de l'atelier, au Louvre, de Charles-André Boulle, l'été 1740, où le grand ébéniste  a vu disparaître la presque totalité de ses
 collections, statues, peintures, dessins.
 Si Le Brun nous montre que les découpages et collages avaient un but pratique : utiliser d'anciens croquis pour composer à nouveau, nos  contemporains déchirent, nouent, gaufrent, cousent, impriment, brûlent pour  le plaisir, les idées ne manquent pas.
rembrandt-papier.jpg

Quelques grands classiques dont on  ne se lasse pas rythment l'exposition: Rembrandt, dont on apprend qu'il 
 utilisait des papiers allemands, mais  aussi les papiers de l'Orient qui arrivaient  à Amsterdam, Van Gogh, Chillida et sa rigueurchillida.jpg, Matisse qui  punaise ses avant-projets, j'en oublie...et des meilleurs…
 Chaque œuvre précise l'emploi de tel papier, aussi il faut enchaîner sur l'œuvre de Claude Gellée, où l'on ne peut plus regarder de la même façon  ses dessins, lavis, gravures , ah les arbres, la lumière (les papiers ne
 sont pas précisés dommage). Et de plus c'est rare  de rassembler en même temps ses peintures, pleines
 de lumière veloutée.

Informations ¨Pratiques au Musée du Louvre : "le papier à l'œuvre" jusqu'au 5  septembre
 Claude le Lorrain - Le dessinateur face à la nature  jusqu'au 18 juillet

 

Les photos sont extraites du dossier de presse :

Eduardo Chillida (1924-2002), Gravitation, 1989 © Collection Centre Pompidou, Dist. RMN /

Philippe Migeat © ADAGP, Paris, 2011

Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669)  Bosquet d’arbres au bord de l’eau © RMN / Gérard Blot   

 

 



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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 21:46

Le musée de Montmartre est un des rares lieux de tranquilité de ce secteur sympathique mais trop touristique.

 

Menacé de fermeture, il dispose maintenant de 12 millions d'Euros de crédit pour une réhabilitation d'envergure, des jardins et buvette "à la Renoir" vont apparaitre et une multitude de visiteurs est  attendue.

 

S'il garde son âme, et pourquoi pas ? C'est une très bonne nouvelle.

 

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