Lapicque un homme de la renaissance au XXème siècle par Anne Le Menn
Charles Lapicque (1898-1988) est un de ces peintres qui bat en brèche le poncif de l’artiste inadapté à son monde : celui qui est loin des sciences, des techniques, de la modernité, voire un peu fêlé. Cliché que l’image de Vincent Van Gogh, a contribué à véhiculer. Comme dit ma sœur, ce dernier ne devait pas être très commode à vivre.
Lapicque, lui, nous ramène à une autre typologie d’artiste, celle de l’homme de la Renaissance, l’artiste scientifique lettré, musicien. Le genre de destin à la Léonard de Vinci, qui comparativement au nôtre, nous fait nous sentir extrêmement limités, coincés dans notre bureau derrière un ordinateur, comptant les points, dans la jungle de l’entreprise qui nous emploie.
Charles Lapicque a ainsi été qualifié « de renaissant du XXème siècle » *. Il est vrai que sa polyvalence, son intelligence lui a permis de connaître et de maitriser plusieurs domaines de connaissance et de les utiliser dans son œuvre plastique. Ce en quoi, il s’avère un précurseur des nouvelles générations d’artistes qui comme lui expérimentent et innovent.
Il commence dans les années 1920 une carrière d’ingénieur dans la production et de la distribution d’électricité, il est alors en charge de la construction et de l’exploitation de lignes à hautes tensions. Il revient de la guerre 14-18 pendant laquelle il a découvert l’amour des chevaux en travaillant dans l’artillerie. Il obtient une thèse à la faculté des sciences de l’université de Paris dans le domaine des sciences physiques, elle a pour titre « L’optique de l’œil et la vision des contours ». Plus tard, peintre de la marine, il bourlinguera sur des bateaux et complétera sa signature avec une ancre, avant que les autorités navales n’estiment sa peinture pas assez dans les normes et ne mettent fin à leur collaboration.
Une exposition, permise par la famille de l’artiste qui vit dans la ville, lui est consacrée à la médiathèque Fontenay-aux-Roses. Elle offre une belle sélection d’œuvres sur papier, huiles, et tapisserie.
Dans la dernière salle, un dessin de quelques traits d’un jockey désolé devant son cheval blessé qui devra être abattu. Près de lui une grande tapisserie retrace un concours hippique, des chevaux occupent l’espace, les couleurs répondent aux concepts d’optique qu’il appliquait à ses créations : du bleu pour structurer les solides, du rouge pour les lointains. La couleur est acidulée, les formes circulent, cela bouge, vit et me réjouit, pourtant contrairement à ma sœur, je n’aime pas l’équitation.
Information Pratique
Exposition Charles Lapicque l’art de la peinture, salon de la médiathèque 6 place du Château de Sainte Barbe 92260 Fontenay-aux-Roses, jusqu’au 1er octobre. Un grand merci à la médiatrice pour sa disponibilité et ses explications lors de ma visite.
· Source : Charles Lapicque « le dérangeur » par Philippe Bouchet