LE BLOG DE L'ESTAMPE
Notre but :
faire connaître l’œuvre gravé
de Maurice ACHENER (1881-1963)
et vous faire découvrir notre vision de l'actualité artistique .
Informations Pratiques
Intense Proximité – Triennale 2012 au Palais de Tokyo
« L’art en chantier » par Michel Duvail
Première grande exposition de la réouverture du Palais de Tokyo, la Triennale propose un large état des lieux de l’art contemporain au confluent de la scène française et internationale.
A votre arrivée, vous êtes accueilli par une immense structure métallique grise et rouille, une sorte de chimère gardienne des lieux et des entrailles du Palais qui pour la première fois vous sont ouverts.
Puis vous avez l’impression d’errer entre un chantier du bâtiment, une brocante, une quincaillerie et un fleuriste. C’est assez surprenant et exaspérant de se promener dans ce squat en friche peuplé de vigiles tout en noir. Au détour d’un couloir, vous risquez de marcher dans des excréments d’éléphants décorés de perles noires, vertes et rouges ou de croiser une chambre à air cousue de rubans. On passe devant les œuvres, on flâne, rien ne semble vous accrocher, vous pouvez même être envahi par un rejet de l’exposition dû à la laideur de ces lieux bruts et toujours en travaux.
Et puis perplexe devant une œuvre qui m’a fait penser à la décoration d’une chambre d’adolescent, une jeune fille s’approche et me propose des explications et tout s’éclaire. Les intercesseurs du Palais portent de gros badges, n’hésitez pas à les consulter.
Elle m’a accompagné et m’a consacré beaucoup de temps à me présenter l’exposition, me l’expliquer et réussir à faire évoluer mon premier sentiment d’incompréhension et de frustration.
Elle m’a montré les recoins des sous sols ou certaines œuvres magnifiques se cachent derrière des palissades de chantiers, comme ce grand manteau de métal fusionné de l’artiste ghanéen El Anutsui et je vous laisse partir à la recherche des larmes de visiteurs… recueillies dans un flacon de cristal lui-même enchâssé dans une colonne.
Ne manquez pas non plus l’œuvre « la terre sous pression » de Bahloul S’Himi avec cocottes minutes et bouteilles de gaz découpées pour en faire des mappemondes. Et puis au plafond d’une salle de projection (l’ancienne cinémathèque) cette installation de Julien Salaud qui fait penser aux dessins de la grotte de Lascaux.
Ou l’œuvre d’Ulla van Brandeburg, un superbe assemblage de couleurs dans un espace s’inspirant des pistes de skateboard.
En arrivant ou en partant n’oubliez pas de vous attarder devant la superbe sculpture murale qui couvre la façade du musée Galliera de ce même artiste ghanéen.
Allez voir cette exposition pour vous faire votre propre opinion. Elle ne séduira pas tout le monde, mais prenez votre temps devant la densité des œuvres, leur complexité et peut être vous laisserez vous gagner par cette sauvagerie brute qui émane de cette exposition. Et peut être déciderez vous de revenir l’explorer une seconde fois.
Informations pratiques :
Du 20 avril au 26 août 2012
De midi à minuit tous les jours, sauf le mardi
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson,
75 116 Paris
Histoire de la page blanche, à la Maison du Danemark par Marie-Anne Chenerie
Il est 15 heures un samedi sur les Champs Elysées : chaleur, foule, bruit, achats plus ou moins opportuns, mal aux pieds.
Et j'entre dans la grande salle de la Maison du Danemark, pour l'exposition de Peter Callesen « La vie en papier ». Ici, un petit miracle : tout est subtil, aéré, frais, léger . Mais pas de cette légèreté facile et finalement superficielle, léger parce que l'artiste utilise exclusivement pour ses créations une feuille de papier blanc et un cutter, que ses œuvres sont un équilibre subtil entre plein et creux, qu'elles occupent harmonieusement l'espace. Et elles sont en fait lourdes, c'est à dire pleines des histoires qu'elles racontent .
Car il y a mille façons de raconter des histoires, et cette façon là est pleine d'humour, de tristesse, comme ces oiseaux prisonniers de leurs dessins, et même morbides, comme l'auteur le dit lui même.
Peter Callesen a le génie du raccourci, et nous fait directement sentir ce que nous vivons d'instable, de tragique, de drôle, d'inattendu. J'ai trouvé en particulier que l'artiste rendait très justement ces moments particuliers de notre vie, où les choses peuvent arriver, ou pas, ou peut-être ou jamais .J'ai aussi pensé devant toutes ces œuvres, qui détachent le dessin découpé en gardant une zone de contact, que nous collions toujours à notre origine, sans pouvoir nous en détacher.
Et j'apprécie que tout ceci soit montré à partir d'une feuille blanche, neutre, familière, facile à remplir avec différentes significations, avec une grande économie de moyens et une force d'autant plus remarquable.
Informations pratiques :
Maison du Danemark. 2etage. 142 avenue des Champs-Elysées. Paris 8e
mardi-vendredi 13h-19h
samedi, dimanche et jours fériés 13h-18h, jusqu'au 17 juin
entrée libre
Pour commencer l’année 2009 nous vous proposons un voyage dans le monde des ex libris de Maurice Achener.
Mais, qu’est ce qu’un Ex libris ?
Comment se fait un ex-libris ?
Maurice Achener et les Ex-Libris
Croquis préparatoires
On peut remarquer que les croquis présentés sont comiques, avec notamment un pêcheur à la ligne imaginé en mauvaise posture, le trait est libre et rapide.
Lettres de André Lesourd adressées à Maurice Achener
Mon photographe à qui j’avais demandé un agrandissement de l’épreuve qui m’intéresse, a perdu le cliché, je me vois donc dans l’obligation de vous envoyer seulement une épreuve, que je vous recommande car c’est la dernière qu’il me reste. Je joins également un autre agrandissement qui n’est pas sans intérêt. D’autre part, je verrais avec plaisir la mention « PACIFIQUE » figurant sur l’ex – libris –quant à mes initiales peut être aurez vous une idée originale mais ce n’est qu’un détail. Bien entendu je ne tiens pas particulièrement à une copie exacte des photos mais plutôt à une gravure inspirée par elles.
André Lesourd
Puis le 20 février 1940
Cher Monsieur
Je vous retourne votre dessin ainsi que vous me le demandez j’en suis enchanté, et je ne puis que dire qu’il réalise fidèlement les désirs que j’avais. Toutefois, ainsi que vous me le dites, je serais heureux de voir une autre solution en qui concerne mon nom ou mes initiales.
Dans l’attente au plaisir de vous voir bientôt.
Le catalogue raisonné des Ex-Libris de Maurice Achener
Les Ex-Libris de nos jours
L’art des Ex Libris passionne encore de nos jours, des amateurs sont regroupés en fédérations nationales et mondiales , elles sont actives sur internet.
Fédération française
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http://www.fisae.org/findex.html
BIENVENUE DANS L'EXPOSITION SUR LES EX LIBRIS
L’automne s’installe, les expositions fleurissent.
Le graveur Sabine Krawczyk est à la galerie Tillier 27 bis rue Duret 75016 Paris, dans le cadre de la première édition des portes ouvertes à l’art du XVIème.
Tandis que Christine Bouvier raconte "Ce que l'oeil ne voit pas" au Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq 31 Grande Rue 95290 L’Isle Adam, tous les jours sauf le mardi de 14h à 18h jusqu’au 26 février 2012.
La Biennale de l’estampe de Saint-Maur. Dimanche 27 novembre, deux visites commentées vous sont proposées pour (re) découvrir la Biennale de l'Estampe, consacrée au thème Paysages urbains. A travers une approche des différentes techniques représentées dans l'exposition et des multiples sources d'inspiration des artistes, ces visites seront l'occasion de s'interroger sur la vision de la ville et de son paysage que nous transmettent les 53 artistes sélectionnés.
Ces visites commentées sont gratuites et d'une durée d'1 h 15 à 15 h et 16 h 30.
La Biennale de l’estampe de Sarcelles Biennale internationale de la gravure, jusqu’au dimanche 4 décembre 2011 Le samedi et le dimanche de 15 h à 19 h Horaires d'ouverture : entrée libre du lundi au vendredi de 17 h à 19 h, le samedi et le dimanche de 15 h à 19 h Renseignements : espace de l’école d’art Janine-Haddad 5 route de Garges 95200 Sarcelles (village).
9 artistes contemporains regardent "entre les murs". Alberto BALI (Peintre) - Corinne BOTH dit PARKER (photographe) - Alexia BRETAUDEAU (photographe) - Nicolas CHORIER (photographe) Pascale HEMERY (Peintre-graveur) - HORFE (grapheur) - Florianne de LASSEE (photographe) - Hervé ROCHE (peintre) -Julien ROUX (grapheur). Exposition ouverte tous les jours du 25 novembre au 27 novembre 2011 Espace Commines 17, rue Commines 75003 Paris.
Le Salon Page(s) commence sa 14eme édition, Salon de la Bibliophilie Contemporaine 25, 26, 27 novembre 2011 Espace de Charenton 327 rue de Charenton 75012 Vendredi de 14h à 22h samedi de 11h à 20h dimanche de 10h à 19h. C’est gratuit.
Les accropodes des Frères Chapuisat :
Voyage aux confins de l'enfance par Marie-Anne Chenerie
Qui n'a jamais rêvé de disposer , aux confins de son imaginaire , de fabuleux espaces qui n'ont pas encore été identifiés : un voyage sans bagage vers des formes inconnues , presque extra terrestres, en tout cas marines ou sous-marines .
J'ai trouvé ces espaces un dimanche après midi, , là où je ne m'y attendais pas . Vous imaginez le Marais par un dimanche ensoleillé, du monde, beaucoup de monde, des magasins chics, des passants habillés comme dans un magazine . Et, brusquement, au fond d'une ruelle qui ne paie vraiment pas de mine, une pièce qui paraît petite et basse de plafond, vous vous trouvez , en haut de l'escalier, face à une chose ( une bête ? ) brutale, massive,, ce sont les accropodes des frères Chapuisat.
Alors, en vous approchant et en vous glissant dans les fentes volontairement organisées , juste assez large pour vous laisser passer et vous faire douter de pouvoir revenir en arrière , voilà les images très fortes de l'enfance ou de l'adolescence qui reviennent . Les rochers gluants au bord de la mer, les piles d'un pont qui trempent dans l'eau noire du fleuve , l'animal qui s'enfuit en glissant , telle une loutre ou une anguille , le reflet d'une lumière dans l'eau, lune ou phare de voiture ? Nous sommes au bout du monde, nous sommes revenus frigorifiés et heureux , nous avons réussi de grands exploits , nous seuls savons que les autres « jouent petit » . Et puis, plus tard, nous y sommes revenus avec un ( une ) autre ,sible . Mais ne comptez pas sur moi pour vous le raconter …
Allez plutôt à cette exposition, une installation massive et légère , sombre ,( et c'est un coup de génie d'avoir transformé ces blocs de ciment gris clair en masses sombres, vivantes et animales, terriennes, et d'avoir utilisé l'espace jusqu'au plafond) . C'est en même temps lourd et léger , brutal , fermé et ouvert à la fois . J'y suis restée longtemps , paradoxalement ramenée par cette construction si urbaine et si « intelligente » , par ces formes si géométriques qu'elles confinent à l'abstraction , à des souvenirs de nature et d'émotion , nuancés et puissants , bref des souvenirs d'enfance .
Informations pratiques :
Les frères Chapuisat, Centre culturel suisse,
32-38, rue des Francs-Bourgeois (IIIe) Tél. : 01 42 71 44 50.
Horaires : du mar. au ven. de 10 h à 18 h, sam. et dim. de 13 h à 19 h
jusqu'au 18 décembre.
Entrée gratuite
Les photos des oeuvres des Frères Chapuisat sont extraites du dossier de presse
Un bûcheron à Paris Par Michel Duvail
Organisée en dix espaces : huit de sculptures, deux de peintures et de dessins, l’exposition organisée par le MAM nous propose la première rétrospective française de quarante ans (1979 – 2010) de sculptures en bois peint de Georg Baselitz.
Ce qui vous saisit dans cette exposition ce sont ces pièces de bois volumineuses travaillées grossièrement à la scie, à la hache, à la gouge où la peinture est plus jetée que posée qui dégagent une énergie et une virilité brute.Une exposition qui ne peut laisser indifférent face à ces têtes scarifiées, ces corps mutilés asymétriques, ces géants nus ou habillés, ces bois tronçonnés tâchés de rouge, de bleu.
Plus l’on progresse dans l’exposition et plus les œuvres deviennent monumentales et pesantes (plus de 600kg pour quelques unes). Certaines œuvres font penser à un pastiche du néoclassicisme nazi ou stalinien qui a marqué l’histoire personnelle de l’artiste. On peut aussi y avoir des références aux Moaïs de l’ile de Pâques, ou encore aux colosses des Ramsès, mais pour moi elles n’ont pas la beauté de celles d’Ousmane Sow.
Il y a plusieurs temps forts dans l’exposition. Les 13 têtes de femmes jaunes «Dresdner Frauen » aux proportions et volumes différents font penser aux statues des frontons des cathédrales. Elles ont été sculptées en mémoire aux bombardements dont la ville de Dresde a été la victime à la fin de la seconde guerre mondiale. Partout la peinture jaune s’incruste dans les anfractuosités du bois comme les tapis de bombes qui ont ravagé la ville en 1945 et anéanti sa population. Vu de loin, les coups de scie font penser à des coups de pinceaux. En montant vers ces statues installées en haut d’un escalier, c’est presque vers un mémorial à ces victimes civiles de la seconde guerre mondiale auquel l’on accède.
La sculpture ouvrant l’exposition « Modell für ein skulptur » date de 1980, elle a été présentée à la biennale de Venise dans le pavillon allemand. Un scandale lui est associé : était-ce un salut nazi de cet homme « nouveau » sortant de sa gangue de bois ? Sa polychromie rouge et noire en renforce l’ambigüité. Une tête G-Kopf (1987) présente un volume géométrique, un rubbik cube sous forme de sphère dont les taches de peinture bleue figurent les aspérités du visage, et que l’on pourrait peut être faire tourner dans tous les sens ? Clôturant l’exposition, des géants assis « autoportrait : font allusion selon le sculpteur au Christ de douleurs. Personnellement j’ai vu toute autre chose, des jouets pour Gargantua, des poupées sexuelles pour un cyclope car les œuvres sont avantageusement sexuées. Il n’y a pas d’élégance dans ces statues, et pourtant elles nous troublent et peut être nous séduisent. Les corps et les visages déchiquetés et tailladés nous font ressentir le plus souvent la souffrance de leur vision. Comme dans ses peintures, les sculptures de Baselitz révèlent sa lutte continue contre l’harmonie et la symétrie.
INFORMATIONS PRATIQUES
Ouvert du mardi au dimanche jusqu'à 18h, Nocturne le jeudi jusqu'à 22h Tarifs Plein tarif : 9 € 30 septembre 2011 au 29 janvier 2012 MUSEE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS 11 Avenue du Président Wilson – 75116 Paris
Alexandre Manceau , le graveur et le compagnon par Marie-Anne Chenerie
Alexandre Manceau , ce nom ne vous dit rien ? A moi non plus, jusqu'à ce que je lise le livre très intéressant d'Evelyne Bloch-Dano, : « Le dernier amour de George Sand » .
Voici la photo de cet homme, qui a inspiré à cette femme étonnante ces phrases envoyées à son éditeur Hetzel : « J'ai quarante six ans, j'ai des cheveux blans , cela ne me fait rien .On aime les vielles femmes plus que les jeunes, je le sais maintenant . »
Oui, cette femme, que l'on a dit dévoreuse d'hommes, dominante, maternante, inspiratrice, portant à bout de bras des personnages aussi complexes que Chopin , Musset ou Ary Scheffer , des hommes enfants qu'il lui fallait materner , connue pour ses fantaisies vestimentaires , sa vie , qui sent parfois le soufre de l'homosexualité ( ses pantalons, ses coiffures, ses cigares, son nom d'artiste..) , socialiste militante , robuste , plus connue par ses amours que par ses romans ( qui peut dire avoir lu jusqu'au bout sans se forcer « La petite Fadette « ou « La mare au diable »? ) . Voilà son constat de bonheur , à un âge ou les femmes de son époque se disaient « hors course » .
Et cet aveu touchant , c'est à Alexandre Manceau qu'elle le doit, graveur de 13 ans plus jeune qu'elle , d'un rang social moins élevé qu'elle , avec qui elle connaitra une relation apaisée et équilibrée , jusqu'à la mort de ce dernier .
L'histoire est curieuse : en 1849, Sand dit « Mon coeur est un cimetière » , elle vient de perdre sa petite fille chérie , elle a rompu avec Chopin , et ne sait que penser de son fils autrefois préféré, Maurice , dont elle perçoit bien l'absence de réussite et ne peut que constater l'échec de sa relation avec sa fille Solange .
Et voici qu 'apparait Manceau, ami de son fils, d'abord secrétaire , puis infirmier, puis intendant, premier lecteur, amant et confident Elle se repose sur cet homme , elle sur qui tant de personnes ont pu compter .
Alors , et les gravures de Manceau? J'ai bien cherché et à part un très connu et très beau portait de George, et cet auto portrait subtil ] je dois avouer que je n'ai pas trouvé grand chose, hormis quelques gravures orientalistes , un genre à la mode à l'époque .
Mais ce que je retiens , ce sont les qualités de cet homme , qui a su se rendre indispensable dans la discrétion et la durée .
Et je ne peux m'empêcher de penser que l'on retrouve ici beaucoup de caractéristiques de l'art de la gravure elle même , qui exigepatience et travail discret, souvent invisible et qui n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur , cet art dont la réputation d'austérité et de « sérieux » peut rendre l'accès difficile .
Mais une gravure, vous en avez eut être fait l'expérience , si elle est bonne , vous est un compagnon fidèle et plein de ressources .
Ce n'est donc peut être pas un hasard si le dernier amour de George Sand était graveur …
« Le dernier amour de George Sand »
par Evelyne Bloch-Dano
chez Grasset
Les illustrations de cet article sont extraites de la bibliothèque d'images « Gallica »
L’automne des dépressifs au Centre Pompidou
Edward Munch : L’œil moderne
Yayoi Kusama
Par Michel Duvail
YAYOI KUSAMA DANS YELLOW TREE FURNITURE (2002), À LA TRIENNALE D'AICHI, 2010, COURTESY YAYOI KUSAMA STUDIO, TOKYO
© HAL REIFF
Pourquoi mixer dans un même article ces deux expositions, parce que tant qu’à aller au Centre Pompidou ne vous privez pas de voir ces deux rétrospectives.
Idée originale, mais était elle voulue, d’exposer au même moment et dans le même lieu deux artistes a priori aussi dissemblables qu’Edward Munch et Yayoi Kusama mais qui ont en commun un vécu en établissement psychiatrique.
Quoique les commissaires de l’exposition nous mettent en garde sur la lecture standardisée de l’œuvre d’Edvard Munch, elle est dans l’air du temps : déprimante et anxiogène et donc contemporaine expliquant ainsi son sous titre : l’œil moderne. Son œuvre la plus connue n’a pas fait le voyage (pour cause de fragilité ( !) et de vols récurrents), mais si vous regardez attentivement certains tableaux, vous reconnaitrez le visage du cri à certains endroits. La peinture de Munch pleure comme ces femmes qu’il peint en larmes. Au travers des 12 sections thématiques, vous pourrez être submergés par des sentiments d’angoisse et de tristesse à la vision de ces cortèges de spectres sur des fonds de vagues de couleurs et de fuite du temps comme si se cachait derrière les toiles un énorme trou noir aspirant toute l’œuvre d’Edvard Munch.
Alors allez voir Munch, c’est l’exposition incontournable de cet automne à Paris, mais surtout arrêtez vous à la Galerie sud niveau 1 pour vous faire plaisir avec Yakoi Kusama.
Y Kusama quant à elle n’est plus dans l’air du temps, elle est intemporelle tellement son œuvre est inimitable, provocante, sexuelle, innovante. Entre happening, sculptures dures et molles, peintures, installations, tout y passe, c’est jouissif et on en redemande.
A la fin de la rétrospective qui lui est consacrée nous en sortons comme des grands enfants heureux qui viennent de vivre leur Noël avant l’heure. C’est contagieux, cela se ressent, les visiteurs en sortant des deux installations visitables ( infinity mirroir room et la chambre aux pois rouges qui fait penser à aux champignons géants de l’étoile mystérieuse la BD d’Hergé) parlent entre eux de la joie et de la surprise qu’ils ont éprouvées au cours de cette immersion sensorielle.
Et pourtant, après avoir lu la biographie de l’artiste et ses souffrances psychiques, l’obsession des pois, le vertige de l’infini des miroirs, la profusion des formes sexuelles masculines ne semblent plus aussi légers et joyeux. Et on en repart avec un sentiment de vertige et d’écrasement renvoyant à la folie de l’auteure enfermée dans ses souffrances enfantines.
Ainsi les deux expositions se rejoignent au travers des fragilités psychiques de ces deux artistes qui tentent de nous faire toucher de manière radicalement différente un même mal être : l’un par la mélancolie, l’autre par la joie. A vous de juger laquelle de ces approches vous marquera le plus.
Informations Pratiques
Centre Georges Pompidou - Paris
Horaires
Tous les jours de 11h à 21h,
Sauf le mardi
Jusqu'au 9 janvier 2012
Tarifs
12 euros plein tarif