Jean Le Gac est un peintre qui raconte dans ses œuvres les aventures d’un peintre. Son sujet, nous le reconnaissons facilement, il porte toujours deux ou trois châssis et sa mallette en bois. Il trimbale ces accessoires emblématiques dans ses pérégrinations. Chaussé de belles bottes en cuir, bien cirées, il parcourt le monde en aventurier du pinceau, avec un charme des années 30.
Les murs du Carré de Baudoin dans le XXe arrondissement nous proposent une savoureuse balade avec cet individu étrange, et l’on ne s’ennuie pas.
Le peintre est souvent en mauvaise posture, près d’un sphinx, il affronte une tornade, un texte nous indique « le peintre était parti taggluner le sphinx », que nous ne savons pas comment interpréter. La toile brute fait plusieurs mètres de long, le personnage du peintre est de grande taille, et montré dans une attitude de montagnard. Le sphinx est peint avec un grand réalisme dans des ocres rouges, des couches de pigments jaune clair, d’une texture plus épaisse zèbrent l’espace. Nous fermons les yeux pour éviter le sable. Sur une autre toile, le peintre un peu fat, explique à une charmante jeune femme sportive, les dangers de la peinture « c’est ici que le paysagiste Florent Max trouva accidentellement la mort ». Dans l’exposition le peintre est aussi attaqué par des hommes cagoulés, et cas extrême écrasé par une statue.
Une autre scène se passe dans une vieille mine, restitution de celles d’Alès ou de Carmaux, de la région d'origine de Jean Le Gac, « j’ai été un peintre de génie à 15 ans…ma région en produisait pas mal. Rien que dans mon coin nous étions trois, question de terrain et de climat sans doute… ». L’histoire est autobiographique, mais emprunte aussi au monde de Jules Verne dans son roman les Indes noires. Le peintre bricole une fantasmagorie de ses lectures et de son enfance. Sur la toile, le fusain donne de somptueux veloutés de noir.
Après l’immédiateté du premier moment, ou nous recherchons le sens d’une image qui reprend les codes de l’illustration, chaque œuvre se découvre lentement, des détails apparaissent, le texte ne donne pas la clé, mais souvent, semble l’objectif poursuivi par Jean Le Gac, le graphisme n’est qu’un prétexte à ce qui est écrit « l’écriture c’est tellement dangereux que la peinture avec sa prétention à rester muette ne peu que lui servir d’appeau ».
Sur un style personnel et facilement identifiable, il y a une grande richesse et variété dans les moyens picturaux mis en œuvre, dans les matières, les couleurs, des collages de tissus, des photographies sont également utilisées.
C’est bon de se laisser prendre par la main par un conteur aussi expert à la poursuite d’un drôle de peintre.
Les textes sont de Jean Le Gac
Pavillon Carré de Baudouin 121 rue de Ménilmontant 75020 Paris 01 58 53 55 40, du mardi au samedi de 11h à 18h, Entrée libre. Jusqu'au 6 juin 2010. http://www.mairie20.paris.fr/mairie20/jsp/site/Portal.jsp?page_id=651