Raffaella Cavalieri travaille à l’Université de Sienne en Italie, au département de Littérature Moderne et de Science du Langage (Universita degli Studi di Siena dipartimenta di letterature moderne e scienze dei linguaggi) Elle est spécialiste de la littérature des voyages a publié la traduction du livre d’André Peraté “Sienne” illustré par Paul Adrien Bouroux.
André Pératé (1862-1947, est né à Nancy, il est admis et étudie à l'Ecole Normale Supérieure de Paris, où il devient agrégé de lettres. Il est membre de l'Ecole
française de Rome de 1884 à 1887 et travaille ainsi sur les miniatures du Térence au Vatican .
En 1922, il est nommé Directeur par intérim de l'Ecole française de Rome. Plus tard il sera Conservateur au musée de Versailles avec Pierre de Nolhac. Ses thèmes de recherche de prédilection sont l'archéologie, la mystique chrétienne, la peinture italienne et plus généralement l'histoire de l'art italien. Il collabore ainsi à la « Grande Encyclopédie », aux « Annales de l’Histoire d'Art" de André Michel. Dans ces revues il publie notamment ses études sur l'art italien. Il est également l'auteur d'une traduction poétique de Dante en français, et de "Petites fleurs de Saint François d'Assise". Il réalise des ouvrages consacrés au musée de Versailles ("Versailles" et "Musée National Versailles"), et enfin un guide de Sienne et un autre sur Assise, qui sont illustrés par le graveur Paul Adrien Bouroux.
Raffaella Cavalieri nous propose ici une biographie de ce graveur, qui était le voisin et l’ami de Maurice Achener. Ils travaillèrent ensemble sur de nombreux livres destinés à des bibliophiles, nottament ceux édités par la société de Saint Eloy et quand vers la fin de leurs vies Paul Adrien Bouroux eut la vue altérée, Maurice Achener l’aida souvent dans son ouvrage de graveur.
Paul-Adrien Bouroux (1878-1967): sa vie, ses voyages, ses livres illustrés.
Graveur et illustrateur de livres, Paul-Adrien Bouroux, naît à Mézières le 14 juin 1878. Il hérite de sa mère la passion pour le dessin, et à l’age de 4 ans il ést déjà capable de copier les aquarelles qu’elle réalisait.
Ayant terminé ses études au collège des Barnabites de Gien, il commence sa carrière dans l’Enregistrement. Pendant son service militaire à Rouen il rencontre des camarades qui sont des élèves de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et qui le présentent à leur professeur: le peintre Luc-Olivier Merson.Il lui donne des conseils.
Rendu à la vie civile, Paul-Adrien Bouroux est nommé receveur à Guillaumes et puis à Grancey-le-Château, d’où il se rend souvent à Dijon qui le séduit. Il y fait la connaissance du graveur Victor Focillon qui l’initie aux secrets de la gravure. En 1905 il participe au Salon des Artistes Français avec l’eau-forte intitulée La Forge. Dans l’année suivant il démissionne de l’Enregistrement et se consacre exclusivement à la gravure.
Au retour d’un voyage en Angleterre il obtient la consécration officielle de son talent en recevant une mention honorable au Salon du 1908 avec Les Oies du moulin. Ses voyages seront très importants pour sa carrière artistique: il aime la vision directe et consciencieuse de la nature et de cette vision vive et directe il tire les illustrations des livres qu’il réalise sa vie durant. Il publie une interprétation de ce que ses yeux ont vu et non pas d’un texte: il préfère se pénétrer de l’atmosphère réelle des villes que du texte, en y faisant des long séjours et en bâtissant ses dessins devant la nature.
D’un voyage en Savoie et dans une partie de la Suisse il ramène des croquis qui inspirent les planches au vernis mou qu’il présente au Salon de 1909 en un album intitulé De Londres à Genève. En 1912 une nouvelle médaille récompensera les planches realisées pour l’illustration du livre de R.P. Berthier Fribourg, ville d’Art. L’expérience d’illustrateur ne sera pas limité à cette oeuvre, mais elle se renouvelle très vite: en 1914 il présente au Salon les planches exécutées pour le livre d’André Pératé Sienne. Il voyage en Italie en 1913. Même la guerre n’interrompt pas son activité artistique et, au front, il réalise nombreux croquis et des eaux-fortes qu’il rassemble sous le titre de Au front d’Alsace.
Après la guerre il reprend l’activité d’illustrateur et en 1925 il est encore en Italie, toujours avec André Pératé. Cette fois l’objet de leur séjour est Assise, en vue de la publication d’un ouvrage sur cette ville. L’artiste s’arrête aussi à Arezzo, Volterra et Livourne et puis il gagne la Corse. En 1927 la Bretagne l’attire et il y illustre Colette Baudoche de Barrès. Son humeur vagabonde le conduit à La Rochelle et au pays basque en 1928, d’où il ramène quelques nouvelles planches grâce auxquelles il obtient la médaille d’or au Salon du 1929. La même année il illustre l’Oblat de Huysmans. En 1932 il devient secrétaire de la Société de Saint-Eloy qu’il avait contribué à fonder en 1923 avec les graveurs Charles Jouas, André Dauchez et le bibliophile Henri Vever. Le but de la société est d’éditer des livres de bibliophiles et elle réunit pour cela quinze graveurs qui se partagent l’illustration d’un texte choisi par le comité. Il collabore à l’exécution de Paris, ses eaux et ses fontaines de G. Montorgueil, à la collection des monographies des Petites villes (Bergues, Senlis et Uzès) et aux trois volumes consacrés aux Châteaux d’Ile-de-France.
La société n’absorbe pas toute l’activité de l’artiste et il illustre successivement Boulogne Belle, Le Pays de Hainaut, et Sur les Chemins de la victoire. En 1936 l’Etat lui reconnait la Légion d’Honneur. Quand la seconde guerre mondiale entrave les déplacements lointains, il se réfugie dans sa maison d’Ile-de-France et travaille à l’illustration de Sylvie de Gérard de Nerval. Dès que la circulation redevient libre, Bouroux suit son esprit voyageur et en 1947 il retrouve la Bretagne, puis Hossegor en 1950. L'année 1947 voit la parution de Le Cahier vert de Maurice de Guérin et en 1952 Le Manuscrit de ma Mère de Lamartine représente le dernier ouvrage important du graveur. Peu après, un accident oculaire nécessite une grave opération qui lui évite la cécité mais n’empêche pas sa vue de se fatiguer très rapidement. Il réalise encore plusieurs planches jusqu’en 1964 quand une crise cardiaque met un terme à sa carrière de graveur. Il vit encore quelque temps, jusqu’au 31 mars 1967.
RAFFAELLA CAVALIERI
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http://www.fabula.org/revue/document1092.php
http://www.fabula.org/revue/document1041.php
En Italien :
http://www.storicamente.com/03_biblioteca/schede/2brewer.htm
http://www.unisi.it/lettura.scrittura/imago
http://www.bancaetruria.it/docfile/etruria_oggi_67.pdf
Références du livre :
André Pératé, Siena, Pacini Editore, Pisa, giugno 2007
215 pag. Euro 18,50
ISBN: 978-88-7781-903-1
Première illustration de l'article huile de Maurice Achener : Le jardin des Bouroux à Senlis (Collection Particulière)
Illustrations de Paul Adrien Bouroux pur le livre de Jean Yole "Le marais de Monts en Vendée"