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Les divas : y-a t-il une vie sous le costume ? par Marie-Anne Chenerie
A l'origine, pour les Romains de l'Antiquité , la diva est une déesse , aujourd'hui descendue sur terre par l'incarnation d'une cantatrice, d'une actrice ….: son charisme , son tempérament, mais aussi son mystère et, si possible , une destinée hors du commun , voilà ce qui transforme une artiste de scène en Diva . Pour moi, la diva type est Maria Callas .
Le Centre Nationale du Costume de Scène à Moulins sur Allier propose une très belle exposition sur les divas et leur vestiaire , à savoir leurs costumes de spectacle , mais aussi leur vestiaire , cet espace intime , frontière entre leur vie privée et leur vie de scène , lieu , dont l'entrée sera réservée à quelques privilégiés , où la femme se transforme en déesse .
Cette présentation m'a d'autant plus intéressée que je n'ai jamais aimé les expositions de costumes et de vêtements , ne pouvant surmonter une impression d'ennui, de tristesse, le sentiment d'un monde perdu, mort, qui a vécu le temps d'une représentation et que rien ne pourra faire revenir à la vie . Oui, ces expositions ne montrent souvent pour moi que le vide , voire la vanité d'une enveloppe sans sa raison d'exister .
Cette exposition à Moulins , et semble-t-il les autres expositions ce ce lieu, ont su éviter cet écueil . D'abord par quelques astuces de mises en scène : comme cette immense pièce plongée dans l'obscurité , dont les murs sont des boîtes contenant chacune un costume de diva , éclairé individuellement et aléatoirement, sur un fonds sonore d'opéra : la robe prend vie , puis s'efface , elle sort de scène . Ou cette installation ( qui nous touche ) , sur fond de tissu rouge de théâtre , d'un écran où sont projetées des vidéos des grands succès de Dalida ( Bambino, Gino l'amoroso, 18 ans …) , la chanteuse plus grande que nature, son visage ou ses mains en gros plans, son visage tragique , et en dessous la robe qu'elle porte pendant la chanson, posée sur un cintre tout simple . Par ces robes, souvent très sobres , et très sophistiquées en même temps, Dalila est vivante , c'est une femme qui nous ouvre un peu de son intimité .
Et j'ai fortement ressentie cette dualité de la diva : déesse, quand elle endosse son costume de scène, mais aussi être blessé, fragile, parfois perdu, comme le montrent certains détails de photos ( de scène ou non , d'ailleurs ) . Callas est exactement l'exemple de cette fragilité et de ce tragique , tragique de Médée , chargée de voiles noirs et de bijoux hiératiques et éternels , mais aussi tragique dans cette vie de solitude , Médée qui sacrifie ses enfants et Maria qui n'a jamais eu d'enfant . Dalila aussi, quelques temps avant son suicide, qui chante « Je suis malade » et termine courbée , épuisée, immobilisée , théâtrale jusque dans son chagrin , avant de reprendre sa posture de Diva pour saluer la foule .
Certes, il y a aussi des Regine Crespin, des Sarah Bernhardt , des Montserrat Caballé, installées dans leur vie et dans leur art , mais qui dira leurs doutes et leurs fragilités ?
Oui , le costume est bien là pour permettre à la Diva de servir l'attente du public , avide, exigeant , qui , comme le dit Maurizio Galante , responsable de l'exposition , « règne et contrôle, subit et impose »: la Diva doit rester ce rêve, et porter éternellement son costume de scène .
Les images de cet article sont extraites du dossier de presse , la vidéo du CNCS est une vidéo culture box
Informations pratiques :
Exposition Vestiaire de Divas , jusqu'au 31/12/2010
Centre National du Costume de Scène
Route de Montilly
03 000 Moulins sur Allier
Tlj de 10h à 18h , entrée : 5 €