Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Artiste Graveur Peintre Gravure Etching Print Estampe Eau-Forte Aquatinte Illustrateur Illustration Naissance 1881 Décès 1963 Actualité de l'estampe Alsace Art en Alsace Alsace 1900

Clé USB, les Dead Drops à Paris

 

Des clés  vivantes par Marie-Anne Chenerie

 

            Il existe plusieurs catégories d'objets : ceux qui – fonctionnels la plupart du temps -existent en tant que tels : le bol, le stylo …,  puis les objets qui portent en eux davantage que leur fonction première, souvent d'ailleurs parce attachés à une personne, un souvenir , une odeur, c'est un vêtement, un bijou , un accessoire ..et enfin , l'objet ouvert , qui n'existe vraiment que par son contenu et donc par les personnes qui l'emplissent et celles qui voient ce contenu , donc à la frontière du vivant , changeant et se transformant  .

            Dans cette dernière catégorie, il y a bien sûr tous nos objets informatiques actuels , mais surtout un objet petit , discret par son format et sa taille , mais immense par les possibilités qu'il contient : la clé USB .

 

            Un artiste berlinois, Aram Bartholl a eu l'idée , à la fois poétique, drôle et provocatrice d'installer des clés USB , avec du contenu : ce sont des «  dead drops ». Son idée a été reprise un peu partout dans le monde , il y a une quinzaine de clés installées à Paris .

            A l'origine, une « dead drop » , c'est une boîte à lettre morte , un système de communication utilisé par les espions dans les années 60, en fait une cache où l'on pouvait dissimuler par exemple des messages .

 

            Alors , j'ai été voir celle de la rue de Thermopyles , que j'ai choisie car j'aime cette rue , tellement décalée par rapport à son  nom : les Thermopyles,  célèbre et immense bataille, un des plus grands faits d'armes du monde antique , ici illustrée par David leonidas_aux_thermopyles_300.gif, et la rue est provinciale Paris---rue-des-Thermopyles_2.jpg, inattendue, verdoyante , variée , ici calme et là, soudain , un mur de graffitis, puis un jardin , un mur presque en ruines . Et la clé !cle.JPG.

 

            J'aime vraiment cette idée d'Aram Bartholl : d'abord par la grande liberté qu'elle sous -entend , liberté de contenu, de lieu , où il faut accepter l'éphémère , l'inattendu, voire la disparition  .

            Et puis, l'effort que cela demande : les clés , il faut les chercher, ce n'est pas facile, parfois un buisson a poussé devant la clé ( comme au Carrousel du Louvre ) , parfois il y des gens assis sur le banc où elle est installée et il faut attendre qu'ils partent , il faut s'appuyer contre le mur avec le PC collé au mur, vous avez l'air un peu étrange , c'est presque un jeu ,  sérieux , comme tous les jeux, cela a un parfum d'enfance 

            Enfin, j'aime cette façon de réfléchir – et surtout d'agir et donc de nous faire réfléchir – surles liens entre l'art, sa création et sa diffusion et les nouvelles technologies . Aram Bratholl en a fait son domaine http://datenform.de/ ]

 

            Provoc Aram Bartholl? Oui, à l'heure de Wikileaks et des lois sur la protection des données numériques .

            Mais pour moi, la prise de risque ( et la provocation peut accentuer encore cette prise de risque ) est une composante essentielle de l'art sincère .

 

            Alors allez dans Paris visiter les clés USB ; je viens même d'en installer une moi- même , son adresse se trouvera bientôt sur ce site http://deaddrops.com/dead-drops/db-map/,

.

 

A lire , l'excellent livre de Roger Pol-Droit : « Dernières nouvelles des choses », qui nous donne son regard sur les objets qui nous entourent . Vous ne regarderez plus de la même façon votre robe de chambre, vos bottes en caoutchouc , l'éponge de votre lavabo  , ni même bien sûr votre PC !!!

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article