Exposition William Blake (1757-1827) au Musée du Petit Palais Paris
« Le génie visionnaire du romantisme anglais »
De l'apprentissage à la gravure d'interprétation
William Blake commence des études artistiques dès l'âge de 10 ans. Il s'avère aussi très jeune d'une personnalité étrange, il a des visions. Cet aspect, est mis en exergue dès l'entrée de l'exposition, pourtant les premières pièces montrées sont des études classiques de gisants et de statues, car son apprentissage se base sur des copies de moulages et de gravures antiques. Il débute chez le graveur James Basire. Il réalise des gravures d'interprétation pour son employeur et s'initie au burin, avec la méthode du point. C'est avec cette technique qu'il réalise à l'âge de 16 ans, sa première pièce importante : Joseph d'Arimathie. Si cette gravure est de facture classique, il s'intéresse aussi à l'art du moyen âge, ce qui pas habituel à cette période. Il intègre, en 1779, l'école de la Royal Academy, comme graveur. Et, travaille pour diverses revues en gravant des dessins d'autres artistes. Sa rencontre avec l'artiste suisse Henry Fuseli est déterminante, cet artiste partage avec lui le goût du gothique, et l'aidera financièrement, car William Blake ne rencontrera pas de son vivant de succès commercial. Une de ses expositions n'aura que six visiteurs.
L'édition des estampes
En 1782 William Blake épouse Catherine Boucher, elle est illettrée. Ensemble ils ouvrent une boutique de gravures. Son jeune frère Robert collabore, mais ce frère bien aimé décède en 1787, William ne cessera pourtant de communiquer avec lui, c'est Robert qui lui aurait indiqué la méthode de gravure qu'il va utiliser. Il réalise des manuscrits, combinant dessins et ses textes, sur une même planche, la feuille est ensuite aquarellée. Cette technique n'est pas rapide, de ce fait, il ne reste que très peu de ces livres, de nos jours. La gamme des couleurs évolue et devient plus épaisse. William Blake utilise un procédé proche du monotype avec un mélange d'encre et de colle appliqué sur la plaque déjà gravée et des ajouts de couleur à l'aquarelle. La méthode exacte n'est pas connue.
Un œuvre engagé mais obscur
Plusieurs séries sont ainsi réalisées : « les chants de l'innocence », « le livre de Thel » en 1789. « Le tigre » est une estampe, de petite taille, le poème est appris par tous les écoliers anglais. Elle représenterait la terreur anglaise de 1792, un édit royal qui pénalise les publications contraires au gouvernement. William Blake se sent menacé du fait de ses idées politiques et idéologiques, dont il témoigne dans ses œuvres. Une série de livres prophétiques "Lambeth Prophecies" vers 1790 exprime courageusement sa révolte contre la cruauté de la moralisation, et sa prise de position en faveur des révolutions françaises et américaines. La symbolique est difficile à interpréter. Elle se base sur différentes sources qui lui sont personnelles.
Les œuvres présentées sont séduisantes, par leur originalité, leurs matières raffinées, et s'avèrent étrangement accessibles. William Blake a influencé des artistes dans de nombreux domaines : le cinéaste Jim Jarmush dans le film «dead man », la musique de Patti Smith et le peintre Francis Bacon. L'exposition permet de découvrir avec plaisir et émotion un artiste méconnu en France dont la vie et l'œuvre sont vraiment étonnants.