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La France de Raymond Depardon n’est pas la mienne par Anne Le Menn
Le dimanche en fin d’après-midi, l’exposition des photographies de Raymond Depardon fait le plein, cela se concrétise par une longue file d’attente, qui donne largement le temps d’admirer un coucher de soleil rose sur l’édifice par les fenêtres du couloir, mais comme c’est pénible d’attendre.
L’entrée dans la première salle permet le contact avec une grande scène de plage, les personnages y sont nombreux et déambulent dans tous les sens, peu d’éléments architecturaux dans cette photographie en grand format, qui rappelle les ambiances colorées des tableaux maritimes de Boudin. Dans la grande salle suivante, saturée au niveau fréquentation, les tirages conservent cette taille imposante, mais le sujet principal change : les humains se font étonnamment rares à croire que le photographe a travaillé dans un milieu urbain déserté de ses habitants. Les petites boutiques sont pimpantes, les affiches et les enseignes forment des camaïeux de couleurs vives graphiquement parfaitement réussis, mais les lieux sont vides.
La France représentée est celle des petits bâtiments un peu kitch, même si les nains de jardin sont évités. C’est la France rescapée d’un film de Tati, la France de la nostalgie d’un vieux garage. Depardon souhaite « mettre en évidence une France de la résistance », en montrant ce qui est rarement mis valeur et qui par la maitrise d’un grand photographe se trouve effectivement infiniment valorisé.
Mais je reste dubitative devant cette vision, l’humanité je ne l’y trouve pas, cela ne me touche pas, cette France plaisante à voir, me semble gênante car fictive, c’est un monde déjà perdu et c’est bien pour cela qu’il est vide de ses habitants, il a existé mais il est en sursis. Quand je sillonne les petites routes et les petites agglomérations ce n’est pas cette France qui m’apparait. Ces petits magasins connaissent une disparition proportionnelle à la croissance des zones de « France moche », celle des entrées de villes aux panneaux publicitaires anarchiques, aux tristes ronds points : supers marchés parking. Et qu’il faudra un certain nombre d’année pour trouver attendrissante, si cela arrive un jour.
La foule lors de la visite est sans doute pour beaucoup, dans mon indifférence face à cette exposition, Depardon sait pouvoir être hermétique à certains dans ce travail, et malgré tout l’intérêt que j’éprouve pour son parcours et son œuvre je n’ai pas eu envie de tomber dans la nostalgie véhiculée par sa France.
Informations Pratiques :
« La France de Raymond Depardon », Bibliothèque Nationale de France, quai François Mauriac Paris 13e, jusqu’au 9 janvier 2011, du mardi au samedi de 10h à 19 h, dimanche de 13 h à 19 h. Entrée 7 €.