Sacha: «Je n'ai jamais su ce que j'allais faire » par Marie-Anne Chenerie
On a du mal à le croire quand on voit ses photos, construites , structurées , colorées …
Et pourtant , Sacha nous explique que la bonne photo est celle que l'on n'attend pas...
Ce que j'ai aimé dans cette exposition de l'Institut Néerlandais, consacré à la photographe de mode néerlandaise , qui a travaillé avec les plus grands mannequins et pour de très nombreux magazines , c'est d'abord le personnage : la vidéo de l'entrée vous révèle une femme, certes âgée , mais si gaie, légère et profonde, naturelle et sans prétention , de ces personnes qui dominent tellement leur métier que , quand on les entend , on est confondu par tant de simplicité pour un si beau résultat .
Elle est belle aussi, non pas belle, comme ces superbes mannequins qu'elle a photographiés ( Inès , Isabella, Laetitia,Carla ,Linda, vous aurez reconnu ...) , mais belle de cette sincérité profonde dans son métier et de ce naturel , de cette femme qui a côtoyé tant de mannequins coiffés, maquillés, apprêtés pour les prises de vue.
J'ai aussi trouvé de nombreux points communs , aussi paradoxal que cela puisse paraître, entre photo et gravure , en l'écoutant parler de son métier :
- La photo réussie ne laisse pas sentir l'effort, malgré les heures de travail , les multiples poses, les centaines de croquis que l'exposition nous montre . Une photo réussie, comme une gravure réussie ne doit pas laisser transparaitre les multiples étapes , constructions et déconstructions . Sacha le dit : « Pour que ça ait l'air naturel, il faut faire , puis tout défaire ». Il faut savoir oublier le travail , nous dit cette artiste, dont on sait et on voit qu'elle a énormément travaillé.
- La réussite d'une photo relève d'un instant magique, totalement inattendu , et bien sûr non prévu . Ainsi également, la meilleure gravure, ou le meilleur tirage ( on utilise d'ailleurs le même mot en photo argentique et en gravure ) sont ceux qui surgissent alors que vous avez tout essayé et parfois même renoncé ; comme l'instant magique où l'on soulève le « lange » de la presse et où apparaît le résultat , par exemple, en fin de journée, lorsque vous essayez sans idée préconçue ; ce n'est pas du tout ce que vous aviez prévu , le hasard ( certains diront le talent ) est intervenu . Le hasard, oui , mais le hasard apprivoisé par beaucoup de travail et d'obstination .
- L'image juste est pour elle différente de l'image vraie et je trouve cette phrase magnifique : elle laisse toute sa place à l'artiste , sa liberté, son individualité et c'est merveilleux de l'entendre de la bouche d'une photographe, dont on pourrait penser , que justement son métier est de faire du « réel »; non, cela va bien au delà . Elle nous permet de voir plus que le réel .
- Alors, voici quelques images dans cette belle exposition à l'Institut Néerlandais , dont vous pourrez aussi admirer l'architecture Les illustrations de cet article sont soit extraites du dossier de presse , soit prises par Louisa Dusinberre .
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Informations pratiques
Exposition jusqu'au 20 mars 2011
Institut Néerlandais 121 rue de Lille 75007 Paris Ouvert tous les jours de 13h à 19h, sauf les lundis. |