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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 19:51

Paris Tableau , Salon de la peinture Ancienne : à quoi rêvent les marchands? par Marie-Anne Chenerie

 

            Aujourd'hui, n'importe quel acteur du marché de l'art ( français ou international ) vous le dira , un Basquiat se vend beaucoup mieux et incomparablement plus cher qu'un  Louise Moillin ou un Lucas Cambiaso, le dernier Modigliani a « fait» 76 M $ à New York  et une acrylique sur toile de  JonOne, artiste «street art»  se vend 32 500 € cet automne chez Artcurial . Savez-vous, comme le souligne le galeriste Jean-François Heim  qu'avec le produit de la vente du Modigliani, il est possible de constituer une collection unique de chefs d'oeuvre de l'art ancien

            Que faire pour affirmer la présence et l'importance de la peinture ancienne, celle sans qui tous ces artistes n'existerait pas et qui reste boudée par le marché . Certes les riches clients du Golfe , de la Chine ou de l'Inde   rachètent leurs antiquités et leurs pièces de maitre ,  mais aujourd'hui, comment valoriser à son juste prix un  «fonds d'or» italien, ou la vue intérieure et dépouillée d'une église flamande , ou une page d'études au lavis d'un peintre peu connu ?

 

            La réponse est apportée par 10 grands marchands parisiens : le 16 décembre 2010,  ces spécialistes du  tableau ancien se réunissaient ( en présentant chacun une de leurs oeuvres préférées ) pour le lancement de Paris Tableau,  le premier salon du tableau ancien , avec pour objectif de promouvoir les galeries spécialisées dans la peinture de 1300 aux années 1850,  et assurer le rayonnement de la place de Paris, mise à mal par d'autres grands salons . lancret-70e25.jpg

 

            Alors, à quoi rêve un marchand de tableau ? Tous répondent : acheter, toujours acheter . Ces personnages, brillants, policés, cultivés, souvent , mais pas toujours , génétiquement programmés , comme les Aaron ou les Jonckheere, nous disent tous que, ce qui les fait vivre ( non pas au sens financier mais au sens de l'énergie vitale ) , c'est la recherche,   la poursuite , parfois vaine, ou la découverte inattendue , l'émotion extraordinaire qui se retrouve dans une salle des ventes de province  devant un dessin apparemment anodin, ou lors de la dispersion d'une collection qui n'intéresse pas les héritiers , trop attirés vers d'autres valeurs  .Bref, bien avant la vente , c'est l'achat et tous les risques qui vont avec . Un tableau qui se vend bien est un tableau qui a été bien acheté , et pour réussir l'achat , une seule obligation : avoir «l'oeil» , construit par des années de confrontations avec des oeuvres de toutes qualités. 

            Oui, mais certains ajoutent avec transparence : pour bien acheter aujourd'hui, il faut aussi de l'argent, parfois beaucoup d'argent.

 

           louise-moillon-peches.jpg En effet ,  aujourd'hui, le marchand est confronté à une autre difficulté, ou une autre opportunité diront certains  : Internet a rendu l'offre immense et ouverte , théoriquement à tous, a permis la comparaison des prix et la diffusion des tableaux à une dimension qui n'a plus rien à voir avec les conditions de travail d'il y a seulement  quinze ans .  Et le marché va si vite qu'un amateur lointain, étranger et fortuné aura lui repéré le tableau, dépêché des « voyeurs», je veux dire des spécialistes qui eux , verront vraiment le tableau et non son image  et verrouillé l'achat s'il en est jugé digne . Or , disent tous ces passionnés , un tableau n'est pas une image virtuelle, mais une toile, un châssis, des couches successives de pigment , une histoire , un voyage parmi tous ses possesseurs, comme ces kakemonos japonais sur lesquels chaque acquéreur apposait son sceau et prenaient ainsi part à l'oeuvre d'art .  ..

 

            Acheter est devenu difficile et le métier doit changer ..

 

            Mais tous disent leur rêve secret d'acheter un  Chardin ou une nature morte aujourd'hui perdue de Goya , mais aussi des peintres moins connus et surtout leur souhait de créer une relation suivie , confiante  et réciproque avec un collectionneur .

 

            Mais aussi, quel merveilleux métier ! Savez vous d'ailleurs comme le fait remarquer un des marchands présents ,  d'où vient le mot négociant ? Cela veut dire étymologiquement  celui qui n'a pas de loisir, de repos . Moi je trouve que c'est , en ce qui concerne le marchand d'art , plutôt celui qui a l'immense chance de faire de sa passion son métier et donc pour qui le mot « loisir» n'a plus de sens réel .

 

            Vendre de la peinture ancienne : un métier jeune , qui demande «oeil» et argent, un métier d'émotion .

 

 

logo-salon-peinture-ancienne-copie-1.pngCet article a été rédigé suite à la présentation le 16 décembre 2010 du projet «  Paris tableau » et des interviews des marchands représentés; les sources- interviews et iconographie – en sont le dossier de presse .

Les dix marchands présents étaient : Hervé Aaron, Eric Coatalem, Georges de Jonckheere, Bertrand Gautier et Bertrand Talabardon, Bob Haboldt , Jean-François Heim, Jacques Leegenhoek, Giovanni Sarti, Claude Vittet .

 

Paris Tableau, salon de la Peinture Ancienne , du 4 au 8 novembre 2011, à Paris

Président : Maurizio Canesso

             .

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commentaires

M
<br /> Ravie de vous revoir sur le blog, Marie-Anne ! Votre article est très intéressant...<br /> <br /> <br />