Morceaux exquis à la Fondation Electra: morceaux oui, exquis pas toujours ! par Marie-Anne Chenerie
J'ai toujours beaucoup apprécié les expositions de la fondation Electra : un lieu raffiné, calme, des expositions intelligentes, souvent courtes ( ce qui est à mes yeux à la fois une difficulté et un avantage ) , l'entrée gratuite ….
Cette fois ci avec « Morceaux exquis » , j'en suis sortie plus dubitative , d'abord désorientée par la profusion d'images , de textes, d'idées et par ce découpage , presque cannibale .
Le principe peut paraître complexe : montrer comment le corps et ses différentes parties ( oeil, pied, nez etc) ont inspiré le langage dans toutes les cultures méditerranéennes .
Dès l'entrée une ambiance rouge sang donnée pat la lumière et les rideaux de velours pourpre vous mettent dans l'ambiance . Il est certain qu'exposer le corps est un exercice difficile, entre voyeurisme , philosophie, médecine et tout simplement beauté L'art contemporain nous a même habitués à des démarches presque « gore » qui peuvent susciter un profond malaise. Rien de tel ici, mais le sentiment de pénétrer dans notre intimité profonde , subconsciente, impression accentuée par les dictons populaires écrits ( un peu bas et trop peu lisibles pour ce qui me concerne ) sur chaque vitrine : certains sont très savoureux : "Les mouches se posent même sur le nez du roi " ou "un pied vaut mieux que 2 béquilles " ; les vitrines sur le nez/ phallus ou sur le sexe féminin sont drôles et instructives . Qui ne connait pas le lapin Playboy, lapin, comme la grenouille représentant le sexe féminin , car , comme chacun le sait, les organes féminins , facteur des sautes d'humeur de ces dames , sont représentés par les bonds du batracien ou du lapin. Oui, c'est parfois drôle, parfois inquiétant, comme cette vitrine sur le cerveau ( trop peu représenté d'ailleurs, c'est le corps et non l'esprit qui parle ) , même si on a "des araignées dans le grenier".
Dans un joyeux bric à brac, qui va de l'affiche de Polnareff de dos ( pour rester correct) , des chaussures de clown démesurées en forme de pied propres à alimenter nos pires cauchemars , un pot de chambre avec un oeil au fond ( les naïfs qui se mettent le doigt dans l'oeil apprendront ici qu'ils se l'enfoncent en fait beaucoup plus bas ) , bric à brac parfois morbide , comme chaque fois que le corps est représenté en morceaux.
Parler du corps n'est jamais facile et concentre toutes les craintes .
Mais, pour finir, la merveilleuse image du crane d'organdi contraste, confrontation, réflexion sur la pureté du blanc du bonnet de baptême ou des coiffes de communiantes et la réalité du crâne, ossement , d'ailleurs habilement rapproché du drapeau de corsaire . Voilà l'image que je retiendrai de ces centaines d'objets, à croire que la démarche artistique permet de marquer les esprits , par la poésie et le décalage .
En cadeau, l'exposition nous offre quelques belles chansons sur les yeux …, voici celle de Michel Jonasz, « Les Yeux lilas » .
Informations pratiques
Espace Fondation EDF ( Electra)
6 rue Récamier 75 007 Paris
jusqu'au 25/09/11 , de 12h à 19h, sauf le lundi, entrée gratuite