Mondrian / De Stijl : les révolutionnaires aux lunettes rondes par Marie-Jeanne Laurent
Entrer dans l'exposition Mondrian, c'est entrer dans la cathédrale de la modernité. Le respect vous saisit devant ce monsieur sérieux, cravaté, chapeau mou et lunettes rondes, et ses camarades qui ont tous l'air de hauts fonctionnaires.
Mais ce sont pourtant des révolutionnaires qui, dès 1917 veulent inventer un nouveau langage, une nouvelle vision, un nouvel art de vivre. Ils s'élancent sur les ruines du 19e siècle, qui meurt en 1918.
La première salle est consacrée aux peintures d'avant 1914. On y trouve la série des arbres, des arbres en fleurs et paysages où se reconnait l'influence de Cézanne dans l'utilisation de la couleur, où déjà les structures sont plus importantes que l'objet.
Une belle série de fusains montre des études d'arbres où la géométrie apparait plus présente, quelques études (nu et composition en ovale) témoignent de sa rencontre avec Picasso et Braque (1914).
Mais le ton change totalement. La revue "de Stijl" ( le style) parait. Mondrian et ses amis, dont le principal Théo van Doesburg est architecte, affirment leur expression : géométrie, lignes droites et couleurs primaires, rythmes.
D'où toute une série d'études de lignes et de couleurs, de tableaux géométriques, de vitraux. L'histoire de la revue, des projets d'architecture et d'urbanisme (le musée Van Gogh à Amsterdam, la "machine à habiter" à Utrecht et des maquettes), des photos, des documents de toutes sortes consacrés à tous les membres du groupe, montrent l'effervescence de ce mouvement et son actualité.
Bien entendu ils ont des contacts avec l'autre phare de la modernité: le Bauhaus à Weimar.
L'atelier de Mondrian à Paris, rue du départ, de 1921 à 1936, est reconstitué dans l'exposition , on peut y rentrer: il est clair, sans mystère, sans recoins, blanc, aux lignes noires et couleurs primaires- fonctionnel et apaisant sans doute pour lui. Mondrian part en 1940 pour New-York où il meurt en 1944.
Information pratiques :
Mondrian / De Stijl jusqu’au 21 mars 2011. Au centre Pompidou Paris.