Le photographe Mimmo Jodice : terrifiant et terrifié
Il y a un point commun entre photographie et gravure, ou estampe, qui m'a particulièrement frappée en voyant l'excellente exposition consacrée au photographe italien Mimmo Jodice à la Maison Européenne de la Photographie : c'est dans le tirage que le photographe exprime sa créativité et sa personnalité . Jodice n' a jamais laissé à d'autres le soin de mettre sur papier ses oeuvres .
La partie «expérimentations» de son exposition nous montre des tirages argentiques , de photos de bouteilles, de verre, de nus, qui devient presque abstrait, corps de femme , pénétré par une pince , de villes , tout à fait étonnants , aux effets estompés, frottés, grattés, contrastés.
Un autre aspect de son travail , ce sont ces villes désertées , non pas vides mais mortes , comme cette vue saisissante de la Grande Arche de La Défense vue à partir des tombes du cimetière de Puteaux ou ces clichés de New York : aucune trace d'être vivant, sinon par défaut, comme ce fauteuil vide placé dans une pièce au dessus de Manhattan . A Naples , les voitures sont recouvertes d'un linceul , les portes sont closes et les murs aveugles
La mort est partout présente dans son oeuvre , surtout dans son travail sur les masques antiques dont , on ne sait pas , si le plus effrayé est la statue ou le spectateur .
Je garde une impression puissante et paradoxalement très vivante de ces photos, qui viennent confirmer, si besoin en était, la force de tout travail en noir et blanc. Jodice nous confie d'ailleurs que son travail est le miroir de lui même , un autoportrait ; dans une récente interview, il précise que si un critique qualifie son oeuvre de « jolie», ceci constitue pour lui une véritable insulte, car il a vécu et souffert comme ses paysages, ses villes, ses statues .
Maison Européenne de la Photographie
Métro 1 Saint-Paul, Bus 69 , Bus 76 , Bus 96 . Jusqu’au 13 juin 2010.
Du mercredi au dimanche de 11h à 19h45. Fermé les jours fériés.
Entrées normal : 6.5€