France 1500 par Marie-Jeanne Laurent
1453, c'est l'après-guerre de 100 ans. C'est la fin des désastres de la guerre.
Les rois de France, Charles VII puis Louis XII que la Duchesse Anne de Bretagne épousera successivement, embellissent leurs châteaux, leurs églises, leurs bibliothèques, imités par les seigneurs, les prélats, et les riches bourgeois. Les artistes sont groupés autour des cours brillantes et les échanges de toutes sortes s'établissent, venant aussi bien des Flandres que d'Italie.
C'est le matin du monde.
Les techniques présentées frappent par leurs perfections : peinture, sur bois, sur verre, sur parchemin, tapisseries, orfèvrerie, émaux, médailles, sculptures de pierre, de terre, meubles sculptés. Une grande place est réservée aux livres, livres d'heures, vie du christ et des saints, et aussi les classiques, car tous ces seigneurs sont des érudits; la bibliothèque de la Reine Anne est célèbre. Les enluminures sont d'une virtuosité sans pareille, où l'or se mêle aux couleurs éclatantes. La peinture religieuse est dominée par le Maître de Moulins, dont trois œuvres sont présentées : la Nativité, où le cardinal Rolin, le donateur, se tient en retrait, recueilli, ( musée d' Autun), Ecce Homo (musée de Bruxelles), et l'Annonciation, (partie à Chicago).
Les trois tableaux expriment une vie intérieure, une grande spiritualité. Cependant, l'impression générale, malgré l'iconographie dramatique, est l'amour de la vie, de la beauté:
l'Annonciation, toute baignée de vie surnaturelle, montre deux beaux jeunes gens aux vêtements somptueux. Le Christ et Marie-Madeleine au matin de la Résurrection se rencontrent dans une nature idyllique, dans une lumière d'aurore : le Christ est un jeune homme svelte, au suaire élégamment drapé, son auréole coquettement inclinée sur l'oreille, et Marie-Madeleine une belle jeune fille à la robe bleue, qui semble cueillir des fleurs. Entre eux, un arbre de vie symbolique.
Plus loin, une tapisserie "mille fleurs" montre jeunes seigneurs et belles dames dansant dans une clairière semée de fleurs. Une autre tapisserie une charmante Pénélope devant son petit métier à tisser : c'est la sœur jumelle de la suivante de la "Dame à la Licorne" du musée de Cluny (musée de Boston).
Les vierges à l'enfant, presque des adolescentes, charmantes, un peu boudeuses, les cheveux blonds ondulés, aux vêtements raffinés, évoquent le printemps de la vie. Notons au passage la performance de Michel Colombe, sculpteur de la Reine Anne, qui réalise une très jolie vierge en terre cuite. Et le charmant saint Adrien (vitrail) avec son bonnet de velours à la mode et coiffé "à la Jeanne d'Arc", comme on dira beaucoup, beaucoup plus tard... Et pourquoi donc le Cardinal Rolin se fait-il accompagner de son petit chien, sagement assis sur la pourpre cardinalice ? Tout simplement parce qu'il fait partie de sa vie. Même les petits gisants en marbre de deux des enfants de la Reine Anne évoquent, plus que la mort, la fraîcheur de l'enfance. Clin d'œil à la beauté dans le relief de la Dormition de la Vierge : son âme s'envole au ciel sous la forme d'une ravissante Aphrodite nue.. . Un autre clin d'œil : le jeune et futur François Ier en inattendu Saint Jean-Baptiste par Clouet, au sourire facétieux, son impossible nez adouci par un teint de lys et de roses...Et puis les premiers livres imprimés, et puis j'en oublie beaucoup...
Mais l'exposition est visible au : Grand Palais jusqu'au 10 janvier 2011
Information Pratique : France 1500 entre Moyen Age et Renaissance, Galeries nationales Grand Palais, entrée Clémenceau. Tous les jours (sauf le mardi) de 10h00 à 20h00, nocturne le mercredi jusqu’à 22h tarif 11 €,
Visuels : Dossier de presse de l’exposition